▄ PACTIO MORTALIS
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 wrong ; andreas.

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wrong ; andreas. Vide
MessageSujet: wrong ; andreas.   wrong ; andreas. Icon_minitimeJeu 23 Juil - 23:43

wrong ; andreas. Nicolasv wrong ; andreas. Luke

I was born with the wrong sign ; In the wrong house
With the wrong ascendancy ; I took the wrong road




    Du soleil, on n’en voyait encore qu’un halo orangé à l’horizon. Quelques rares lumières brillaient aux fenêtres de Limerick, à mesure que les âmes s’éveillaient. Certaines n’avaient pas fermé les yeux de la nuit, prisonnières de leurs pensées, de leurs soucis. Des portes qui claquent, des rires d’ivrognes, un chat qui se sauve, des pneus qui crissent sur l’asphalte noirci par les passages successifs… tout prenait vie, ce dont Théo était tout à fait inconscient. Pourtant, lui non plus n’avait pas fermé l’œil. Il était resté allongé sur son lit en désordre, à fixer le plafond d’un regard morne. L’éclat rougeoyant d’une cigarette allumée l’avait accompagné tout au long de la nuit, son amie la plus fidèle depuis ses douze ans. Ses insomnies avaient débuté à son retour d’Irak, et il ne parvenait pas à retrouver le sommeil depuis. Oh, bien sûr, il dormait. Mais ses nuits étaient toujours agitées, et il s’éveillait souvent plus fatigué que lorsqu’il avait fermé les yeux. Les cauchemars lui apparaissaient avec tant d’intensité qu’il avait bien du mal à s’en débarrasser une fois éveillé : tout paraissait tellement vrai ! Les cris, les explosions, les ordres lancés au hasard, et surtout la peur qui lui serrait la gorge et lui piquait les yeux. Théo quittait parfois le monde des songes en pleurant, dans un cri étouffé par ses sanglots. Pour rien au monde, il n’aurait voulu que quelqu’un soit au courant de son état : c’eut été avouer une faiblesse qu’il tenait à garder pour lui, une faiblesse dont il avait peur qu’on se serve pour lui nuire. Depuis la guerre, il accordait difficilement sa confiance. Un soupir, et sa cigarette retrouva le chemin de ses lèvres. Il la laissa prisonnière de sa bouche un instant, les yeux clos, appréciant la saveur acre de la nicotine sur son palais et sur sa langue. Cette petite chose méritait amplement le nom de « drogue douce », tant on se prenait facilement à son jeu et à ses caresses, dignes de celles de la plus douce des amantes. Un sourire un peu tordu passa fugitivement sur ses lèvres, alors que son index passait et repassait sur le fin papier qui recouvrait les substances toxiques de son bâton de poison. Elle était la plus douce des amantes. Le pépiement d’un oiseau sur le rebord de sa fenêtre lui fit dresser un sourcil, et il tourna la tête vers son réveil, qui marquait déjà cinq heures et demi du matin. Il avait oublié à quelle heure il s’était allongé sur ce lit, oublié combien de temps il avait passé à fumer cigarette sur cigarette, sans même penser à quelque chose en particulier. Un esprit aussi vide en aurait fait frissonner plus d’un, lui au contraire, se complaisait dans cette faculté à ne se fixer sur aucun de ses douloureux souvenirs. Théo écrasa le mégot dans le cendrier posé sur sa table de chevet, avant de se redresser.

    S’il était sûr d’une chose, c’est qu’il n’allait pas encore passer des heures ici, dans cette chambre. L’air était vicié par la fumée de ses cigarettes successives, et tout son être aspirait à l’air pur. Théo détestait par-dessus tout l’impression qu’il avait de tourner en rond, ici comme dans sa vie en générale, comme si le fait de changer de décor, d’avoir quitté ce qui avait été autrefois son « chez lui », ne suffisait pas à lui rendre une vie. S’il cherchait quelque chose, lui-même ne voyait pas exactement de quoi il pouvait retourner, si ce n’était une petite blonde au sourire ravageur, inconsciente de ses charmes et de son succès auprès de la gente masculine. Il aurait aimé pouvoir sourire à son souvenir, mais il n’en avait jamais été capable, tant l’impression d’être trahi prenait le pas sur tout autre sentiment. Il s’en voulait quelque part, d’être si injuste avec elle, mais elle avait été la seule à qui il aurait pu se confier après la guerre. Mais elle était déjà partie, ce qui ne pouvait pas réellement l’étonner puisque sans lui, elle n’avait plus de raisons de s’attarder dans cette ville que ni l’un ni l’autre n’avait jamais aimé. Ca ne l’avait pas empêché de souffrir lorsqu’il avait eu la certitude qu’elle ne reviendrait pas, qu’il ne la reverrait sans doute jamais puisqu’elle ne lui avait rien laissé. Pas un mot, pas une adresse. Grizel avait coupé les ponts avec son passé, même avec celui avec qui elle avait parlé d’avenir. La haïr et rejeter sur elle toute la faute était la seule solution qu’il avait trouvé pour ne pas succomber à la tristesse. Sa gorge se serrait encore à son souvenir, et si elle avait autrefois régné dans son cœur, elle n’était aujourd’hui qu’une plaie béante parmi tant d’autres. Il la chassa de ses pensées, alors qu’il se levait pour s’emparer de sa veste. Il avait grand besoin d’air, grand besoin de retrouver la tranquillité d’esprit qu’il possédait lorsqu’il ne pensait à rien de sérieux. Il se faisait l’impression d’être un fugitif, tournant le dos à ses souvenirs comme on tournait le dos à un prison, avec dans le cœur cette peur latente d’être un jour rattrapé. Il détestait cette sensation d’être pourchassée, de devoir être sans cesse sur ses gardes au risque de se laisser avoir par ses remords, contre lesquels il ne pouvait rien.

    Il referma enfin la porte de sa chambre, et s’y appuya un moment, la main sur le cœur, essoufflé comme après une course. Lui qui était si sûr de lui, qui n’avait peur de rien, lui qui était le garçon le plus fort du monde… il ne se reconnaissait pas. Il parvenait encore à faire bonne figure devant les autres, mais pour combien de temps encore ? La mâchoire crispée, il s’éloigna de ce lieu qui ne lui apportait aucun réconfort. Ses pas le menèrent presque naturellement jusqu’au parc du campus, un lieu prisé par beaucoup d’étudiants, dont lui-même, pour ses coins tranquilles et propice à une certaine intimité. L’endroit était désert, ce qui ne l’étonnait guère à une heure aussi matinale. Il retrouva avec plaisir le chemin qui le menait jusqu’à cet endroit qu’il considérait presque comme étant le sien, depuis le jour où il l’avait découvert quelques années plus tôt. Il n’était pas vraiment dissimulé au regard des passants, mais était suffisamment reculé pour qu’il puisse s’y sentir à son aise, presque à l’abri de ses pensées. Il sortit son paquet de cigarettes, habilement glissé dans sa poche de jeans arrière quelques minutes plus tôt, et prit place près d’une pierre qui gisait là, comme posée au hasard, et qui l’accompagnait dans la plupart de ses moments de solitude. Il glissa entre ses lèvres un peu de cette drogue qu’il affectionnait tant, et aspira une première fois avec délectation. Il se laissa finalement tomber en arrière, laissant la fumée s’échapper de ses lèvres et se mêler à l’air encore frais de cette matinée.

    [Mon dieu, c’est d’une niaiserie \o/ j’espère que tu me pardonneras, bien que je ne doute pas de savoir faire en sorte ôô]
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Andreas Von Eschenbach
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MessageSujet: Re: wrong ; andreas.   wrong ; andreas. Icon_minitimeLun 27 Juil - 17:59

« Le cauchemar est l'épreuve nécessaire du rêve,
sa première incarnation »

Yvon Rivard


    andreas : « Signe ce foutu contrat ! »
    la fille : « Jamais. »

    Elle eut un bref sourire avant d’écarter ses doigts du balcon, geste qui lui assurait une chute mortelle, comme si cela lui importait peu et qu’elle était convaincue d’avoir fait le bon choix. Andreas se pencha afin de contempler son corps glissant vers le néant, heurtant le sol dans un bruit sec et angoissant, incapable de retenir cette fatalité. Elle était morte, et il était resté là, parfaitement impuissant, à la regarder tomber. Il ne sut pas vraiment comment il se retrouva à ses côtés, la main posé sur son avant-bras exsangue, les lèvres entrouvertes comme s’il s’apprêtait à prononcer quelques mots, l’esprit vide de toute réflexion. La brume matinale enveloppa le cadavre tel un cocon souhaitant reprendre sa chrysalide, s’épaississant au fil des secondes pour n’être plus qu’une épaisse couche blanche voilant la moindre parcelle de peau ou de vêtement. Les mains d’Andreas plongèrent au milieu de cette couche devenue opaque et cotonneuse, désireuses de chasser la mort et cette substance qui en était le témoin. Il creusait, creusait, le visage déformé par la crainte et le remord, par l’incompréhension et le déni, tirant hors de la brume celle qui avait basculé de l’autre côté sous ses yeux. Mais ce n’était plus la douce étudiante aux traits fins et à la peau pâle qu’il tenait entre ses doigts, c’était le garçon pour lequel il avait vendu son âme sans le savoir vingt ans plus tôt. Il aurait reconnu son visage entre mille. Ces magnifiques iris mêlants vert et or et qui l’observaient comme s’il s’était échappé des Enfers, ces lèvres recourbées en un demi-sourire qu’il avait convoitées secrètement et pour lesquelles il s’était détesté, ce cou fragile gravé de la marque du Diable comme s’il était lui aussi devenu un messager. L’allemand s’écarta brusquement de cette vision cauchemardesque, lâchant la tête de son ami pour la laisser plonger de nouveau dans la brume, portant fébrilement ses doigts sur sa nuque, là où était marquée sa propre peau. Andreas ferma les paupières en s’appuyant contre le mur, tentant de calmer les pulsations de son cœur qui s’affolaient, las d’apercevoir Justin chaque soir comme s’il le voyait pour la première fois.

    Lorsque les paupières de l’étudiant se soulevèrent enfin avec une lenteur anormale, lui révélant la lueur blafarde d’un lampadaire qui baignait sa silhouette, le jeune homme sut immédiatement que son cauchemar était à la fois fictif et réel. Il ressentait cette sueur froide qui coulait le long de sa nuque et avait pour origine le souvenir de son ami, cette matinée qui tourmentait régulièrement ses rêves, faisant ressurgir ses angoisses. Cependant cette désagréable vision éphémère ne semblait pas être sa seule affliction lors de ce réveil pour le moins atypique, car il prit progressivement conscience des blessures qui recouvraient son corps. De cette douleur à l’abdomen et dans le dos qui témoignait des coups violents qu’on lui avait portés à ces endroits, une troisième qui provenait de sa lèvre fendue, et une dernière qui émanait de la tâche sombre qui commençait à s’étendre autour de son œil gauche. Sa bouche se crispa tandis que ses doigts fébriles se portaient sur la plaie qui fêlait sa lèvre inférieure, et ses iris dorés sous l’éclairage artificiel observèrent un instant le liquide rougeâtre qui se déposa sur sa peau, contrastant terriblement avec son teint d’une effrayante pâleur. Que lui était-il encore arrivé pour qu’il en vienne à constater son pitoyable état ? Parfois il en venait à regretter d'avoir retrouvé cette mortalité, de nêtre pas invincible comme n'importe quel être démoniaque que l'on pouvait contempler à la télévision. Le jeune homme se releva tant bien que mal, retenant un gémissement qui semblait vouloir franchir ses lèvres, puis fit quelques pas chancelants en direction d’une rue moins calme, plus fréquentée. Son regard tomba sur un clochard -ou bien était-ce simplement un pauvre mec qui avait vidé une bouteille de Whisky égoïstement ?- qui avait négligemment accroché sa paire de Ray-ban à la poche de sa chemise. Grave erreur. Le garçon s’en empara d’un geste souple et précis, un véritable jeu d’enfant. Il fallait dire que détrousser un type endormi, c’était encore plus déloyal que de dérober une Barbie à une gamine de quatre ans. Mais peu lui importait pour l’instant, son esprit tentait de se concentrer sur les évènements antérieurs, ceux qui l’avaient conduit à devenir un voleur de Ray-ban qui souffrait le martyr. Cependant les souvenirs semblaient refuser d’affluer, laissant planer la possibilité d’une perte de mémoire post-traumatique, ou d’une soirée lors de laquelle l’alcool n’avait pas manqué.


    « En opposant la haine à la haine,
    on ne fait que la répandre, en surface comme
    en profondeur »

    Gandhi


    Andreas jeta un bref coup d’œil à sa montre, constatant qu’il était particulièrement en avance pour prendre la direction de l’Université, adoptant la sage résolution de faire un détour par la Confrérie avant de poser un pied dans une salle de cours. Dans le cas contraire les autres étudiants ne manqueraient pas de le questionner sur son état, ce qui ne ferait que l’agacer davantage. Glissant les doigts dans la poche arrière de son jean, il remarqua non sans une certaine irritation que le paquet contenant ses précieuses cigarettes avait disparu, poussant un grognement accompagné d’un soupir de désespoir. L’unique chose qui aurait pu le calmer lui avait été dérobée, une constatation qui ne fit qu’amplifier son désir de retrouver les lâches qui s’en étaient pris à lui. La vengeance est un plat qui se mange froid, parait-il … Sa main plongea dans ses cheveux désordonnés tandis qu’il faisait un effort incommensurable afin de chasser le souvenir de son cauchemar dans les tréfonds de son esprit, de le jeter dans des sables mouvants qui l’emporteraient comme il était venu. Néanmoins cette tâche était ardue étant donné que ce rêve étrange était récurrent ces dernières semaines, venant régulièrement le hanter chaque fois qu’il tentait de trouver le sommeil. Morphée ne semblait pas décidée à lui accorder un peu de paix, le torturant par des métaphores qu’il n’était pas très difficile de comprendre. La crainte qu’un être humain refuse de signer le contrat. La crainte qu'il accepte. La crainte qu’il meure devant ses yeux. La crainte que l’histoire se répète, et qu’il reste impuissant face à la faucheuse. Dans tous les cas on lui demandait de perdre des âmes, mission qu’il était parfaitement incapable d’accomplir en souvenir du passé. S’il ne la sauvait pas, sa victime périrait quoi que fut son choix. Et ça, c’était particulièrement difficile à accepter pour l’allemand.

    Se laissant guider au hasard il atteignit le parc sans vraiment s’en rendre compte, relevant ses yeux juste à temps pour apercevoir une silhouette qu’il connaissait malheureusement bien. Comme si ses songes avaient souhaité rejoindre la réalité, ils le mettaient face à celui qu’il avait refusé de confier aux soins de Satan. Il était pourtant le plus susceptible d’attirer son ressentiment et sa colère, d’attiser sa haine et sa volonté de prendre son âme. Celui qu’il prétendait mépriser plus que tout au monde, qu’il affirmait vouloir voir mort plutôt que respirant le même air. Théo Solton. Mais même lui Andreas n’avait pas su le tuer, l’extirpant de l’eau au lieu de lui proposer le Pacte, le ramenant dans le monde des vivants plutôt que de le laisser couler comme une pierre. Pourquoi ? L’étudiant l’ignorait. A l’instant où il avait gagné, Andreas avait reculé. Craintif, guidé par des sentiments qu’il aurait du enterrer dans un coin inaccessible de son esprit. Faible. Voilà le terme qui le qualifiait le mieux pour avoir accompli cet acte héroïque pour lequel il n’avait eu aucun remerciement. Peut-être avait-il cherché à prendre sa revanche sur la mort, à se racheter. L'allemand n'en avait pas la moindre idée. Chassant ses réflexions d'un bref geste de la tête le jeune homme s’approcha de l’humain sans bruit, progressant derrière son dos jusqu’à se trouver à quelques centimètres à peine de son corps, attrapant habilement la cigarette glissée entre ses doigts. Un sourire victorieux flotta sur ses lèvres quelques instants avant qu’il n’inspire à son tour cette substance aussi toxique que salvatrice, fermant les paupières comme pour profiter de ce précieux moment. Expirant une volute de fumée blanchâtre en direction de l’anglais, Andreas posa sur lui son regard dissimulé par les verres teintés. Nuit de merde. Préoccupé. Voilà ce que furent ses premières conclusions concernant l'étudiant qui lui faisait face.

    andreas : « Encore en train de penser à moi ? »

    Interrogation sarcastique, juste pour le titiller un peu de bon matin comme il en avait l’habitude. Pourquoi venir volontairement emmerder le garçon avec lequel on échangeait régulièrement des coups de poing dans les couloirs de l’Université ? L’allemand aurait prétendu qu’il avait besoin de cigarettes, cependant il ne pouvait nier qu’ignorer Théo était un exercice qu’il n’avait jamais réussi à mettre en pratique. Pourtant, n’affirmait-t-on pas que l’ignorance était la meilleure des attaques ? Probable, mais cela ne rentrait pas dans les cordes du jeune homme. Chaque fois qu’il apercevait sa silhouette, qu’il croisait son regard, qu’il entendait sa voix, il nourrissait cet inexplicable besoin de lui pourrir la vie, de lui lancer quelques remarques cinglantes. Andreas s’accroupit devant le garçon, portant sa main sur le front de Théo comme s’ils étaient de bons amis et qu’il cherchait à évaluer la température de son corps, haussant finalement les épaules en glissant de nouveau la cigarette volée entre ses lèvres.

    andreas : « Tu sais t’as vraiment une sale gueule Solton, faudrait pas que chercher une façon de me remercier te mette dans des états pareils. » Plutôt culotté venant de la part d’un mec qui tenait à peine debout. « Juste pour info, je prends les chèques. »

    Il comprendrait l'allusion, le garçon en était persuadé. Etre tiré des griffes de la faucheuse par son ennemi, ce n'était pas une chose que l'on oubliait si facilement.
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MessageSujet: Re: wrong ; andreas.   wrong ; andreas. Icon_minitimeLun 27 Juil - 20:32

    Théo détestait l’eau. Il trouvait cet élément déstabilisant, bien trop insaisissable et mesquin à son goût. Il était semblable à tous les mauvais côté de l’homme selon lui : et c’est sans doute pour cela qu’il les fascinait tant. Ces courants traîtres, ces vagues qui invitaient marins et nageurs à jouer avec elle, semblables aux sirènes, et qui les engloutissaient à jamais, s’appropriant leur corps et leur cœur, et les gardant jalousement pour toujours. On ne pouvait donner sa confiance à l’eau, encore moins son amour. Elle était plus imprévisible et changeante qu’une femme : tantôt douce, et soudain violente. Elle restait un mystère pour tout ceux qui l’approchaient, même pour ceux qui en faisaient leur première compagne. Diabolique et affamée, pour lui, elle était la représentation même de l’Enfer, bien plus encore que les flammes, elle lui faisait peur. Et c’est là qu’il avait manqué perdre la vie. D’ordinaire, il n’était pas bête au point de se laisser aller à la boisson : il avait plus que tout peur de perdre le contrôle de lui-même, et davantage encore depuis son retour d’Irak. Il avait encore bien du mal à se sentir à l’abri, même si loin de toutes les horreurs qu’il avait pu voir, et savoir ce qu’il faisait, savoir ce qu’il disait, savoir qu’il serait capable de se défendre contre n’importe quelle agression, c’était sa plus grande richesse. Alors il ne savait pas ce qui lui avait pris ce soir là, de s’enivrer jusqu’à ne plus marcher droit. Peut-être était-il plus hanté par son passé qu’il ne le pensait, lui qui souriait à tout le monde, de ses sourires tordus et moqueurs, celui qui faisait pâlir les femmes de désir… alors quelles raisons avaient-ils de se sentir si mal ? Lui qui avait tout pour plaire, lui qui avait toutes les cartes en main pour tourner le dos à son passé maudit, ce passé qui n’était pas si terrible finalement, s’il devait comparer. Etait-il si présomptueux pour foutre sa vie en l’air, alors que cette dernière ne demandait qu’à s’améliorer ? Peut-être que s’il cessait déjà de ressasser toutes ces pensées, tous ces souvenirs, oui, peut-être que tout irait pour le mieux, et qu’il pourrait vraiment tout recommencer. Il fallait être bien tordu, pour connaître la solution à ses problèmes, et ne pas en prendre compte. Il fallait être bien tordu, pour choisir la boisson comme réconfort, alors que notre plus cher désir était de garder le contrôle. Il avait tout perdu ce soir là : aussi bien sa notion du temps, que la faculté d’être sage. Il ne savait plus très bien s’il avait débité la moitié de sa vie au serveur ou au barman, ne savait plus s’il avait sourit à cette blonde timide à cette brune vulgaire, ne savait plus s’il avait réellement flirté à l’excès avec cet homme qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, et dont la seule pensée ramenait en surface sa culpabilité bien planqué dans un coin de son cœur. En revanche, il n’avait pas oublié le froid lorsqu’il avait touché l’eau, n’avait pas oublié la souffrance endurée à mesure que l’eau emplissait ses poumons. Il s’était débattu un moment, sans parvenir à trouver l’appui salvateur du quai. Alors, petit à petit, il s’était fait à l’idée de mourir et avait cessé tout mouvement. Quelque chose en lui avait soufflé que ce n’était pas si terrible, qu’il y avait des morts bien plus horribles, et qu’il les avait vu ces morts, quelques années auparavant. Et au moment même où il se décidait enfin à laisser l’eau le purifier de sa propre vie, de toutes ses souffrance et de ce passé encombrant, alors même qu’il était enfin certain de trouver cette paix à laquelle son âme aspirait, il s’était senti tiré en hors de l’onde encrassée du port, une de ses mains glacées trouvant avec bonheur la chaleur de celle qui la serrait. Il avait alors découvert alors à quel point revenir à la vie était douloureux, plus douloureux encore que mourir. Il toussait et toussait, sa gorge brûlante laissant échapper l’eau qui quittait ses poumons. L’air retrouvait sa place, aussi douloureux que des flammes. Il souffrait comme jamais, mais soudain, la sensation d’être vivant lui parut la plus merveilleuse qui soit. La main qui tenait toujours la sienne, chaude et rassurante, le lâcha soudain, brusquement, comme s’il avait pu brûler son possesseur, lui qui sortait de l’eau. Alors, l’esprit vagabond, il avait ouvert les yeux, encore brouillés par le reste de mort qu’il avait sortit de l’eau avec lui, et avait aperçu son sauveur…

    andreas : « Encore en train de penser à moi ? »

    Théo ouvrit brusquement les yeux. Il ne s’était pas senti s’assoupir, mais la vision d’horreur qu’il avait à présent au-dessus de lui suffit à le réveiller. Il n’avait plus la cigarette qu’il serrait un instant plus tôt entre ses doigts, aussi supposa-t-il que c’était celle-là même qu’Andreas portait à sa bouche à l’instant même. Cette addiction sévère à la nicotine était un de leur unique point commun. Il pinça les lèvres, se forçant à ne rien répondre, puisqu’à moins de mentir, il devrait en effet avouer qu’il pensait à lui à l’instant même. Il sentit le rouge lui monter aux joues, sans savoir si c’était d’embarras ou de colère contenue. La première solution lui semblant tout à fait grotesque, il opta pour la seconde, sans en être moins contrarié pour autant. Il ne chercha pas à récupérer son bien, le laissant aux mains de l’ennemi, sachant qu’il ne ferait que s’humilier davantage en s’emportant contre le jeune homme. Il ne le quittait pourtant pas des yeux, une lueur farouche dans le regard. Un sourire fugace passa sur ses lèvres, alors qu’il ramenait ses mains, à présent vide de toutes cigarettes, derrière sa nuque.

    théo : « Tu aimerais, mais j’ai d’autres sujets de fantasmes bien plus excitants, crois-moi. »
    dit-il finalement d’une voix teintée de sarcasmes.

    Il n’aimait pas se sentir déstabilisé à ce point, et c’était bien ce que le jeune homme avait réussi à faire en le prenant ainsi par surprise. D’autant plus lorsqu’il se remémorait leur dernière rencontre, certes brève, mais de loin la plus énigmatique et la plus significative. Ils semblaient être les pires ennemis depuis le jour om ils avaient eu le malheur de se croiser dans un couloir, et pourtant, il avait fallu que ce soit lui. Lui, qui lui sauve la vie. Il n’avait pas quitté Andreas des yeux, sourcils froncés, et il se sentit soudain incapable de définir ses sentiments lorsqu’il était dans les parages. Il y avait de la gêne, de la colère pure, une colère qui le poussait à l’agresser, à lui faire mal. Il y avait aussi cette curieuse attirance qu’il tentait d’oublier, cette attirance qui lui interdisait l’indifférence, qui lui donnait la chair de poule dès que leur peau entrait en contact. Il se rappelait encore la chaleur de sa main dans la sienne, quelques semaines plus tôt… et c’était surtout pour cela, oui, qu’il se plaisait à le dénigrer encore et encore. Le jeune homme s’accroupit soudain à ses côtés, et sans qu’il ait eu le temps de réagir, posa sa main sur son front. Théo écarquilla les yeux, mais ne réagit pas, surpris et amusé à la fois. Il savait qu’il ne cherchait qu’à l’irriter, qu’à le pousser à la colère, et il y parviendrait sûrement. Autant ne pas lui faciliter la tâche.

    andreas : « Tu sais t’as vraiment une sale gueule Solton, faudrait pas que chercher une façon de me remercier te mettre dans des états pareils. Juste pour info, je prends les chèques. »

    Cette fois, il ne pu retenir le rire qui lui serrait la gorge depuis qu’Andreas avait ouvert la bouche. C’était le rire d’un garçon fatigué, un rire qui aurait tout aussi bien pu appartenir à un dément. Il se redressa lentement, sortant son paquet de cigarette de sa poche et en tirant une nouvelle, qu’il prenait soin, cette fois, de ne pas se faire voler. Il garda le silence le temps de l’allumer, et d’en prendre une bouffée salvatrice. Le calme qui l’envahi alors lui paru aussi délicieux que la brise matinale sur sa peau brûlante.

    théo : « Tu t’accordes trop d’importance. Si c’est le fait de me sauver la vie qui te mets dans des états pareils, tu ferais mieux de me laisser crever en paix, la prochaine fois, même s’il est clair que sans moi, tu risques de ne plus autant apprécier la vie. »

    Il baissa le regard, laissant quelques cendres s’échapper du bout de sa cigarette. Ce sujet le mettait mal à l’aise, et s’il était curieux de savoir pourquoi il l’avait tiré de l’eau ce fameux soir, il avait peur que la réponse ne lui plaise pas. Il laissa un rire amer s’échapper de nouveau de ses lèvres, alors qu’il relevait les yeux vers l’allemand, dont les yeux étaient dissimulés sous des lunettes de soleil. A cette heure du jour, ça n’avait rien de commun. D’un geste vif, il lui ôta les Ray-Ban du visage, pour les jeter sur l’herbe, à quelques mètres d’eux. Une grimace moqueuse passa sur son visage, alors qu’il constatait l’état lamentable dans lequel se trouvait son cher ennemi.

    théo : « Tu t’y connais en sale gueule, je vois. »
    fit-il au bout de quelques minutes, avant d’apprécier de nouveau la saveur acre de la fumée de la cigarette sur sa langue.
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MessageSujet: Re: wrong ; andreas.   wrong ; andreas. Icon_minitime

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